27 avril 2012

Visite au Mémorial de l’abolition de l’esclavage (5) : une création rétro


En confiant la création du Mémorial à Wodiczko et Bonder, la municipalité nantaise savait que l’édifice aurait un aspect résolument sinistre.

Né en 1943 et élevé dans la Pologne communiste, Krzysztof Wodiczko n’a sûrement pas eu une enfance heureuse. Après des études de dessin industriel, il a contribué à la conception d’un mémorial aux victimes du camp de concentration de Majdanek. Émigré au Canada en 1977, il s’est surtout fait connaître par des projections lumineuses géantes et des véhicules pour SDF.

L’architecte argentin Julian Bonder est un spécialiste des mémoriaux. On pourrait dire que le mémorial est, avec les galeries commerciales et les tours de bureaux, l’un des types de bâtiment les plus représentatifs du 20e s. C’est presque un genre à part entière, avec ses propres codes esthétiques : pas de mémorial sans béton brut et lignes anguleuses.

À moins d’une heure de Nantes, le Mémorial de la Vendée, érigé en 1993 en hommage aux victimes d’une « colonne infernale » républicaine de 1794, en donnait déjà un exemple typique. La parenté conceptuelle entre le Mémorial de la Vendée et le Mémorial de l’abolition de l’esclavage est d’ailleurs frappante. On retrouve même dans les deux cas un « parcours de mémoire », de la chapelle des Lucs-sur-Boulogne au mémorial dans le premier cas, du château au mémorial dans le second.

Le Mémorial de Nantes apparaît ainsi comme un monument du 20e s attardé au 21e s.

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