17 septembre 2015

Lobbying pour NDDL (15) : saturé, Nantes Atlantique progresse encore

À force de rencontrer des chiffres officiels bidonnés, évidemment, on finit par devenir méfiant. Tiens, par exemple, les chiffres sur le trafic de l’aéroport de Nantes Atlantique cet été. Selon un communiqué du groupe Vinci, l’aéroport a vu passer 473.498 passagers en juillet et 501.399 en août. Un record, +10,2 % par rapport à juillet 2014, +7,5 % par rapport à août 2014.

Pourquoi pas ? Mais on se souvient de ce que la presse locale annonçait l’an dernier sur la foi des dires du même groupe Vinci : « Nantes Atlantique est saturé avec quatre ans d’avance ». « Saturé : qui ne peut contenir plus », dit mon dictionnaire. Entre l’annonce de la saturation en 2014 et l’annonce de la progression en 2015, l’une des deux était fausse. Je ne sais pas laquelle, mais ce constat m’incite à prendre avec un grain de sel ce que dit Vinci.

Revenons à la fréquentation de cet été. Vinci a compté 473.498 passagers en juillet mais les statistiques officielles de la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) n'en signalent que 464.664, soit un écart de 8.834 personnes, ou 1,9 %. Entre le chiffre de Vinci et celui de l’État, l’un des deux est faux. Je ne sais pas lequel, mais etc.

En lecteur attentif, vous avez remarqué que je ne dis rien des chiffres du mois d’août. Et pour cause. La DREAL devait publier ses statistiques mensuelles du mois d’août le 8 septembre. Elle l’a fait pour toutes ses rubriques… sauf pour le trafic de passagers à Nantes Atlantique. La prochaine mise à jour aura lieu le 7 octobre. L’eau aura coulé sous les ponts aériens : qui songera alors à revenir sur les chiffres de l’été ? L’abstention de la DREAL ne prouve rien, mais elle favorise de noirs soupçons à propos d’un dossier déjà pas franchement clair.

Vinci souligne que la progression enregistrée d'une année sur l'autre en juillet par Nantes Atlantique représente, avec plus de 10 %, « la plus haute croissance des dix premiers aéroports français ». On comprend ce cocorico. Mais quand le trafic a baissé, en mai, et stagné, en juin, Vinci ne s’en est pas vanté. Revenons aux statistiques officielles. Sur les sept premiers mois de l’année, indique la direction générale de l’aviation civile (DGAC), le nombre de passagers n’a progressé que de 4 % à Nantes Atlantique, soit beaucoup moins qu’à Beauvais, Bâle-Mulhouse et Bordeaux. 


À propos de saturation
« Le pont n’est pas saturé », assure Philippe Grosvalet à propos du pont de Saint-Nazaire dans un entretien avec Stéphane Le Hesran (Presse Océan du 17 septembre). « Il y a des bouchons quelques jours par an, comme sur les autoroutes. Double-t-on pour autant les voies d’autoroutes ? » Inutile donc de construire un nouveau pont.                     
Se pourrait-il qu’il s’agisse du même Philippe Grosvalet que celui qui en 2012 relayait sur son blog une pétition « anticipant la saturation de l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique » pour réclamer la construction d’un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes ?

13 commentaires:

  1. ça parle de détournement de certains vols par mauvais temps sur Saint-Nazaire sur ce forum très instructif http://nantesatlantique.forumactif.com/t3216p15-stats-juillet-2015.

    Sauf que Montoir-Saint Nazaire est en zone marécageuse avec moins de zones humides que sur le futur site de NDDL : source relevés effectués sur place par justement la DREAL et volontairement cachés dans les médias.

    Dans ces conditions, impossible de faire atterrir de gros porteurs à Montoir type A320 soit plus de la moitié du trafic aérien ; si c'est impossible d'utiliser Montoir, il en sera de même à NDDL.

    Quelles que soient les positions politiques, que la ZAD soit évacuée ou pas, l'aéroport NDDL ne verra jamais le jour engloutissant au passage les pelleteuses...et nos impôts avec.

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    1. @cyril44. Je pense qu'on est d'accord sur le fond du dossier mais je ne comprends pas votre propos: vous parlez de résistance de piste ? Dans ce cas, précisons que la masse maxi d'un A321 égale celle d'un Beluga à vide (90t) : donc pas de problème, au moins ponctuellement pour des mouvements de la famille 320 (qui n'est pas un gros porteur). Concernant les sites Seveso au voisinage, si c'était un point bloquant, comment se fait-il alors que l'aérodrome soit ouvert à la circulation aérienne public (aéroclub, avions d'affaires). Et je pense aussi à Marseille, truffé de sites Seveso à proximité...

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  2. De plus, Nantes Atlantique fait moins bien que Rennes Saint Jacques qui est optimisé en permanence http://www.aerobuzz.fr/transport-aerien/article/des-records-historiques-en-aout

    La saturation ? Elle devait être à 3 millions de passagers annuels par les porteurs du projet en 2008.
    Lorsque le volcan Islandais a fait des siennes il y a quelques années, il avait été démontré par le personnel de Nantes Atlantique que l'aéroport pouvait accueillir au moins 25 000 passagers par jour soit 365 x 25 000 = 9 125 000 passagers annuels.

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  3. Merci pour ces renseignements. Il y a décidément trop de détails qui ne cadrent pas dans le dossier de NDDL. Il faudrait au minimum réexaminer le projet.

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  4. Un honorable agent de la fonction publique21 septembre 2015 à 13:58

    Bonjour,

    Je suis la personne qui collecte, analyse et mets en ligne les chiffres de trafic de l'aéroport de Nantes sur le site de la DREAL. Votre article m'a beaucoup fait rire. Par les temps qui courent, cela est toujours bon à prendre.

    Permettez-moi d'émettre deux observations relatives à vos insinuations désopilantes sur la DREAL :
    - l'écart de 8.834 passagers sur juillet correspond aux voyageurs qui sont en transit direct, c'est à dire qui ont fait escale à Nantes Atlantique sans changer de vols (pour des motifs techniques ou médicaux, déroutement, ravitaillement, ...). L'aéroport intègre le trafic de transit dans ses chiffres officiels. Nous n'en tenons pas compte en DREAL (et ceci depuis plusieurs décennies) considérant que ce trafic spécifique n'est pas le reflet de l'attractivité d'un aéroport. Ce trafic de transit représente à Nantes environ 2 % du trafic total de l'aéroport.
    - la non publication du chiffre d'août sur le site de la DREAL est tout simplement due au fait qu'à la date de la dernière mise à jour des séries (le deuxième mardi de chaque mois, soit le 9 septembre), l'aéroport ne m'avait pas encore envoyé son document statistique. Mais maintenant que les chiffres me sont parvenues, je peux vous révéler, en exclusivité mondiale, que 491 778 passagers hors transit ont fréquenté l'aéroport en août (501 399 passagers en intégrant le transit).

    Pour synthétiser, votre article est une amusante tempête dans un verre d'eau.

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  5. Merci pour ces utiles précisions. Permettez-moi cependant de contester le terme "insinuations" : je n'ai rien insinué relativement à la DREAL, seulement constaté un écart entre les chiffres publiés, que vous confirmez, et l'absence d'une publication à la date prévue, que vous confirmez aussi. Vos informations laissent d'ailleurs subsister une énigme : à la date de la dernière mise à jour, dites-vous, l'aéroport ne vous avait pas encore envoyé son document statistique. Mais il avait déjà informé la presse ! Vinci aurait-ils plus d'égards pour les médias que pour la fonction publique ?
    (P.S. la date prévue n'était pas le 9 mais le 8. Je ne tire aucune conclusion particulière de cette erreur de 12,5 % !)

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  6. Un honorable agent de la fonction publique a dit...21 septembre 2015 à 15:55

    Vous avez doublement raison et cela m'est très douloureux de devoir l'admettre :
    - Vinci a différé de quelques jours l'envoi de son document statistique à la DREAL afin de réserver la primeur de ses chiffres aux médias ;
    - le deuxième mardi de septembre est bien le 8.

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  7. Voilà un échange courtois, et argumenté !
    Pour ce qui en est des considérations météorologiques, la zone où sévit la tempête est peut-être limitée, microscopique, mais elle fait toutefois écho à une véritable catastrophe économique : des investissements aberrants qu'il faudra bien un jour rembourser !
    Ou pas ? Après moi le déluge...
    Sans parler de l'état de la planète. Après moi l'autre déluge...
    L'honorable agent de la fonction publique a-t-il un avis sur ces considérations diluviennes ?

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  8. Oui Unknowm autant pour moi :)

    Quant à "l'honorable agent de la fonction publique", il n'a pas d'avis à donner vis à vis du droit de réserve quand bien même il est bien agent à la DREAL Pays de la Loire...

    Echange courtois ? Les propos de "l'honorable agent de la fonction publique" sont teintés d'ironie ce qui rend d'un coup peu authentiques les informations fournies.
    Par exemple :
    "considérant que ce trafic spécifique n'est pas le reflet de l'attractivité d'un aéroport" -> les passagers en transit pendant une heure ou plus n'achètent pas de sandwichs, boissons ou autres dans les boutiques et/ou distributeurs de l'aéroport ?
    " je peux vous révéler, en exclusivité mondiale" -> pas sérieux tout comme la totalité du second post.

    Quant à une tempête au sens propre du terme, elle ne sévit jamais sur une échelle microscopique mais sur l'équivalent d'au moins un département (échelle macroscopique).

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  9. L'honorable agent de la fonction publique22 septembre 2015 à 09:48

    L'honorable agent de la fonction publique a un avis de citoyen, éclairé et argumenté, sur l'état de la planète et notamment sur la contribution du transport aérien au réchauffement climatique. Hélas, de par ses fonctions, il est soumis au fameux devoir de réserve, en particulier sur un sujet aussi sensible que celui de NDDL.

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  10. OLS a écrit :

    Aujourd'hui à NDDL, l'homme de loi et les forces de sécurité ont fait demi-tour face aux boueux enragés. Quelle honte, pays de naze juste capable d'aller foutre le bordel hors de ses frontières, mais quand il s'agit de faire dégager une bande de cas sociaux, il n'y a plus personne....

    Pour info et avant que @VertCrétin ne sur-réagisse à mes propos, le combat anti-aéroport mérite tout mon respect et ma considération en revanche les zocupants....

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  11. OLS a écrit : "boueux enragés", "pays de naze", "cas sociaux", "zocupants"; "le combat anti-aéroport mérite tout mon respect et ma considération".

    (soupir)

    Je (sur)réagis vraiment pour vous faire plaisir.

    @L'honorable agent de la fonction publique
    "Hélas, de par ses fonctions, il est soumis au fameux devoir de réserve, en particulier sur un sujet aussi sensible que celui de NDDL."
    GoLeaks ?

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  12. Les chiffres du transit correspondent bien comme le dit le DREAL aux passagers qui se posent à Nantes, restent dans l'avion et redécollent. C'est un volume assez important car il y a pas mal de vols "vacances " qui par exemple partent avec des passagers de Bordeaux , se posent à Nantes, où d'autres passagers les rejoignent pour aller ensuite en Grèce à KOS par exemple (voir nos migrants)...
    Le DREAL ne les comptibilise pas. La DGAC, dans les statistiques annuelles indique une colonne à part. Vinci mélange tout...
    Les seules statistiques fiables concernant Nantes proviennent du DREAL. Vinci ne communique que sur un chiffre global, sans étude détaillée par ligne comme cela se fait pour tous les autres terrains en France.
    Pour en revenir à la saturation,ce n'est pas le nombre de passagers qui pose problème , mais le nombre de vols qu'il est possible de poser ou de faire décoller dans un laps de temps donné. L'un des inconvénient majeurs à Nantes, est l'absence de procédure IFR en piste 21 (quand on survole Nantes à l'atterrissage). En fait l'atterrissage s'effectue selon un axe légèrement décalé jusqu'à un point très proche du bout de piste où l'avion se remet dans l'axe. Selon la météo, cette approche peut être compliquée, et surtout elle peut aboutir à des déroutements si les nuages sont trop bas et le vent soutenu d'ouest.
    Placer un IFR en 21 pose des problèmes techniques, la tour Bretagne étant entre autre exactement dans l'axe de la piste! C'est surement possible, mais cela doit coûter plutôt cher...
    L'autre problème actuel, beaucoup plus surmontable, concerne les parkings avions . Ils sont insuffisants à certains moments.
    Il me parait évident que sur ce point Vinci joue le pourrissement, afin de justifier l'effet saturation "vous voyez, on est obligé de refuser des vols"
    C'est sur, il y a des travaux à faire, trouver de nouveaux parkings plus éloignés, acheter des bus pour s'y rendre etc... Mais on n'est plus non plus à Château-bougon !

    Je suis donc d'accord que l'absence de transparence sur ce dossier a énervé beaucoup de monde. Néanmoins, le trafic ayant doublé en 10 ans passant de 2M à 4M, qui peut dire ce qu'il en sera dans 10 ans. Nantes a montré sur la période une très bonne dynamique, rattrapant un retard certain, et offrant aujourd'hui une palette de vols sur l'Europe plutôt intéressante sans une ligne locomotive vers Paris qui écrase tout comme à Bordeaux (1M) ou Toulouse (2M). Lui couper les ailes est peut être dommage pour le long terme.

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