21 avril 2012

Visite au Mémorial de l’abolition de l’esclavage (3) : quelque chose d’Oceania

Le Mémorial a le misérabilisme ostentatoire. Ses créateurs ont soigné l'ambiance carcérale. Les murs sont en pierres apparentes et en béton nu (moulé par endroits pour donner l’impression de banches à l’ancienne, on l’a déjà signalé), les parties métalliques rarement peintes, les éclairages sommairement fixés au plafond. Curieusement, on a mis plus de soin à dissimuler les caméras de surveillance.

Au bout du monument, une grande meurtrière encadre impérieusement le palais de justice, comme si une main invisible vous tournait la tête de force vers ce sinistre édifice, sous l’œil d’une caméra. On n’est pas là pour rigoler.

Le choix des textes n’est pas plus aimable. Le sujet de l’esclavage n’est pas joyeux en soi. Mais le mot liberté, qui devrait l’être, impitoyablement scandé de panneau en panneau, évoque une punition : vous me le copierez cent fois. Il figure là en quarante-sept langues. Il n’y manque pas seulement la langue bretonne, comme on l’a dit, mais aussi la novlangue, car son entêtante présence évoque irrésistiblement la fameuse devise du 1984 de George Orwell : « La liberté, c’est l’esclavage ». Le ministère de la vérité (en abrégé Minivayr) est passé par là.

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