06 juillet 2015

Un grand huit désert, immobile et silencieux

Souvent, le soir, en voyant les garçons de café empiler les chaises de leur terrasse, je me suis demandé ce qui se passerait s’ils continuaient à l’infini. Les piles toucheraient-elles aux cieux ? Leur subtile inclinaison en ferait-elle des cercles, des ellipses, des paraboles, des tas informes écroulés sur le pavé ?

Je me réjouissais d’obtenir une réponse avec Stellar, l’installation de Baptiste Debombourg place du Bouffay. Déception ! Ces sièges solidement boulonnés sur des tubes cintrés n’évoquent en rien un essor céleste. Le deus ex machina est bien trop visible. Les vis et les écrous apportent immobilisme et rigidité là où il faudrait aisance et légèreté.

La comparaison avec un « grand huit » vient spontanément à l’esprit. Et elle n’est pas à l’avantage de Stellar. Le grand huit de fête foraine, s’il place lui aussi des sièges sur des rails, leur confère du son et du mouvement au fil d’un scénario haletant. Clic, clic, clic, font les nacelles gravissant avec une douloureuse lenteur la haute rampe initiale. Aaaaaaaaaaaaaaaaah ! font les huitonautes à la première dégringolade. Et ça vire, et ça vibre, et ça gronde, et ça crie jusqu’au retour au sol et au calme.

Stellar fait penser à un grand huit désert, immobile et silencieux. De dimensions modestes par surcroît. À l’inverse de la Résolution des forces enprésence installée au même endroit par Vincent Mauger l’an dernier, Stellar est une œuvre sympathique mais faible. Il paraît que l’auteur s’est fait aider par des ingénieurs. Eh ! bien, ça se voit.

1 commentaire:

  1. Quand je pense qu'on a supprimé des halles bien sympa pour cette imbécilité!

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